L’année 2021 sera-t-elle celle du rebond économique permis par la distribution massive des vaccins contre le Covid-19? C’est en tout cas un scénario central qui fait consensus. Mais qui dit scénario central dit aussi scénarios de risque. Et il n’en manque pas.
Le principal est celui d’une campagne de vaccination qui ne se déroulerait pas aussi rapidement et aussi efficacement que prévu. C’est l’un des deux scénarios alternatifs retenu par CPR AM: «L’épidémie devient hors de contrôle, avec la multiplication des contaminations tandis que la mise en œuvre des vaccinations à grande échelle prend plus de temps que prévu». Avec des mesures budgétaires et monétaires qui ne sont plus suffisantes pour éviter une nouvelle récession. Une grande partie du rebond de la fin de l’année 2020, malgré les nouvelles restrictions mises en place pour limiter la deuxième vague de contagion, se justifie par l’espoir mis dans les vaccins qui permettraient d’atteindre un niveau d’immunité collective suffisant et à l’économie de se reprendre. Des problèmes logistiques mais aussi d’efficacité ou d’acceptation par la population peuvent ralentir l’effet escompté.
Autre incertitude, aussi paradoxal que cela puisse paraître, le rebond économique n’est pas sans risque pour les marchés, surtout s’il est plus marqué qu’anticipé. Un tel scénario devrait assez rapidement poser la question de l’arrêt voire du retrait des mesures exceptionnelles de soutien budgétaire et monétaire. Or, les banquiers centraux ont assuré au marché un soutien aussi longtemps que nécessaire. Ces politiques toujours accommodantes font partie de l’équation pour les investisseurs qui gardent néanmoins en mémoire l’impact des récents resserrements de politique monétaire de la Fed (2013 et 2018) sur les marchés. Même si un resserrement prématuré est peu probable, le marché pourrait l’anticiper à mesure que l’économie se reprend avec des anticipations de taux longs plus élevés.
Le retour de l’inflation, auquel peu d’investisseurs croient (les stratégistes de JPMorgan signalent le risque d’une inflation américaine qui pourrait pousser la Fed à se montrer plus restrictive tout en estimant sa probabilité comme faible), même légère, pourrait accentuer ces anticipations. Les points morts d’inflation à 5 ans ont nettement augmenté ces derniers mois aux Etats-Unis à plus de 1,9%).
Le risque d’une crise d’endettement est pour l’heure jugé limité, malgré la montagne de dette accumulée cette année pour faire face à la crise. Mais cela ne vaudra que si les taux restent bas.
Même si l’élection américaine et le Brexit se conjuguent désormais au passé, les risques politiques et géopolitiques n’ont pas disparu. Les stratégistes de JPMorgan notent le risque, non nul, que Donald Trump tente une dernière bravade géopolitique avant son départ de la Maison-Blanche le 20 janvier. Mais surtout, c’est l’attitude qu’adoptera le nouveau Président américain vis-à-vis de la Chine qui reste une inconnue. Joe Biden a déjà annoncé qu’il ne supprimerait pas immédiatement les tarifs douaniers mis en place par son prédécesseur. Les tensions entre les deux pays risquent donc de perdurer avec au centre de leur affrontement la technologie.
La plus grande inconnue à court terme concerne néanmoins la politique intérieure américaine avec l’élection sénatoriale en Géorgie le 5 janvier. Le risque est que les démocrates emportent les deux sièges de ce scrutin, ce qui permettrait à Joe Biden de contrôler le Congrès (Sénat et Chambre des représentants) et de mettre en œuvre sa politique notamment fiscale (hausse de l’impôt sur les sociétés). Ce serait un coup dur pour les marchés actions américains, notamment pour les secteurs ayant le plus bénéficié des baisses d’impôts accordées par Donald Trump, dont les valeurs technologiques. Le secteur serait particulièrement fragilisé puisque Joe Biden envisage également, dans son programme, une plus grande régulation des valeurs internet. Pour l’heure, les républicains sont donnés vainqueurs.
Ces risques seraient d’autant plus pénalisants pour les marchés que ces derniers sont, sur certains segments (valeurs technologiques, crédit investment grade, taux souverains), chers et surachetés, ce qui laisse peu de place à de mauvaises nouvelles.
Gérants, stratégistes et économistes attribuent divers degrés de probabilité à ces risques. Mais le risque le plus dévastateur pour les économies et les marchés est souvent celui qui n’est pas anticipé, comme ce fut le cas début 2020 avec le Covid-19.
Source : L'Agefi
Les investisseurs ont parfois la mémoire courte, mais les mauvaises expériences marquent davantage que les bonnes. Si le secteur des banques européennes a rebondi de 40% en Bourse au dernier trimestre 2020, il a atteint un palier qu’il semble difficile de dépasser. Alors que les économistes rivalisent d’imagination pour qualifier la reprise économique, en V, en U ou encore en K, le secteur bancaire a, pour sa part, montré une reprise en forme de marche d’escalier, l’essentiel de la hausse ayant eu lieu au mois de novembre. Mais la montée est restée limitée dans le temps et le secteur s’est stabilisé à un niveau inférieur de 24% à celui qu’il présentait au début de l’année. En 2020, les banques européennes ont donc figuré parmi les moins bons paris des gérants d’actions, se disputant la place de dernier des secteurs avec celui de l’énergie.
Ni valeur de croissance, ni valeur de rendement. Une des caractéristiques du secteur bancaire est que, cette année du moins, les valeurs qui le composent ne sont ni des valeurs de croissance, ni des valeurs de rendement. Alors qu’elles étaient privées de versement de dividende l’année passée, la Banque centrale européenne (BCE) vient tout juste de leur permettre de rémunérer leurs actionnaires cette année, mais à un niveau inférieur à ce qu’elles espéraient. UBS, dans une étude publiée à la fin du mois de décembre, estime que le dividende moyen des banques européennes au titre de 2020 se situerait aux alentours de 2% – en prenant en compte les restrictions édictées par la BCE –, contre une prévision du courtier de 3,5%, avant l’intervention de la banque centrale.
Catalyseurs absents. Les perspectives de rendement ayant été rabotées, les investisseurs pourraient espérer un rebond du secteur lié aux fondamentaux. Mais les nouveaux confinements de l’hiver, et leur possible durcissement, pourraient grever l’activité des banques et plafonner leurs revenus. Par ailleurs, en Europe, une remontée des taux n’est toujours pas à l’ordre du jour. Les banques globales, tirant traditionnellement une partie de leurs revenus des crédits, ne devraient pas voir leurs marges d’intérêt croître à moyen terme. Enfin, si certaines structures ont engagé des baisses de coûts, celles-ci sont pour la plupart déjà intégrées dans les cours.
Consolidation circonscrite. Un autre catalyseur, pour les marchés financiers, pourrait provenir d’une consolidation du secteur. Les banques de taille plus réduite faisant office de cibles pour les plus grandes. Cependant, même si des mouvements ont eu lieu dans certains pays, comme en Espagne, avec la fusion entre CaixiaBank et Bankia, ou en Italie, avec le rapprochement d’Intesa Sanpaolo et d’UBI, les consolidations bancaires restent circonscrites aux opérations locales. Tant que l’Union bancaire n’avancera pas, les fusions transfrontalières se feront attendre. La naissance d’un géant européen capable de rivaliser avec les banques américaines n’est pas encore à l’ordre du jour. Par ailleurs, y compris au sein de mêmes pays, les rapprochements peuvent vite achopper, comme cela a été le cas pour BBVA et Sabadell. Sur cette opération, les divergences sur le prix ont eu raison des logiques industrielles.
Coût du risque. Le cours toujours bas des banques européennes montre que les gérants considèrent que le risque sur le secteur demeure asymétrique. Alors qu’elles ne présentent pas de relais de croissance tangible, les risques qu’elles supportent devraient augmenter. Les mesures gouvernementales des différents pays européens ont décalé les faillites d’entreprises, et les moratoires mis en place arrivent à échéance. Le coût du risque est donc attendu en hausse pour les banques dans les prochains mois, ce qui devrait grever leurs résultats.
Valorisation à la casse. Finalement, l’argument qui revient chez les – rares – investisseurs qui surpondèrent le secteur reste celui de la valorisation. «Les valorisations des banques sont aussi basses que lors de crises systémiques, comme la crise de la zone euro de 2012», indique Alexandre Hezez, directeur de la gestion financière de Richelieu Gestion, stratégiste et allocataire du groupe, dans un entretien à L’Agefi Hebdo à paraître jeudi 7 janvier. Cependant, même avec une capitalisation qui peut rester inférieure à la moitié des fonds propres, comme c’est le cas pour BNP Paribas, certains investisseurs continuent de penser que les banques européennes restent des «value traps», de fausses bonnes affaires. En conséquence, ils s’attendent à ce que ce soit les valeurs de bilan qui finissent par diminuer pour rejoindre la valeur boursière et non pas l’inverse.
Source : L'Agefi
La Bourse de Paris continue de se débattre dans sa spirale baissière, coincée entre l’accélération de la circulation du coronavirus et la faible probabilité que le projet démocrate de plan de soutien de 2.200 milliards de dollars soit voté par le Congrès américain. Le nombre de nouveaux cas quotidiens de contaminations à la Covid 19 a dépassé les 16.000 en France jeudi, ce qui constitue un record. Le Premier ministre Jean Castex a prévenu hier soir sur France 2 que le gouvernement pourrait être contraint de reconfiner certaines zones si le nombre d’infections ne diminue pas dans les prochaines semaines.
Les récents indicateurs ont mis en lumière la fragilité de la reprise économique face à la pandémie de coronavirus. Dans le même temps, plusieurs responsables de la Fed sont venus rappeler que les banques centrales ne peuvent pas, à elles seules, relancer l’économie. Les analystes de Goldman Sachs ont d’ailleurs divisé par deux leur estimation de croissance du PIB des Etats-Unis à 3% en rythme annualisé au quatrième trimestre. JPMorgan a ramené la sienne de 3,5% à 2,5%.
A 12h30, le Cac 40 recule de 1,74% à 4.679,74 points dans un volume d’affaires de 920 millions d’euros et se trouve en passe de boucler sa pire semaine depuis juin. Le contrat future décembre sur Dow Jones cède 154 points (-0,58%).
« Parfois le meilleur environnement pour les actions au niveau mondial se trouve dans une économie affaiblie et des gouvernements qui essaient de stimuler l’activité. Cela constitue de fait un arrière-plan positif », estime Michael Frazis de Frazis Capital Partners à Sydney, cité par Reuters. Et d’ajouter qu’il « faut se souvenir que… nous sortons d’un véritable scénario de panique au mois de mars. Le récent rally apparaît donc solide à ce niveau, mais seulement parce que la panique a été sévère. Selon nous, c’est le ‘sell-off’ qui a été irrationnel, pas le rally ».
Le marché surveillera donc, cet après-midi, la statistique des commandes de biens durables du mois dernier aux Etats-Unis. Selon le consensus Bloomberg, elles devraient avoir augmenté de 1,4%, après un rebond de 11,4% en juillet.
Lagardère bondit de près de 32%. Groupe Arnault a acquis une participation directe de 5% au capital du groupe de médias et a finalisé son entrée au capital de la holding personnelle d’Arnaud Lagardère, à hauteur de 27%.
Suez s’adjuge 3,7%. Antoine Frérot, le PDG de Veolia a indiqué que le groupe va améliorer le prix proposé à Engie (+0,9%) pour l’essentiel de sa participation dans Suez. Il a par ailleurs annoncé que ce rachat serait suivi d’une OPA réalisable 12 à 18 mois plus tard. Plus forte hausse du Cac 40, Veolia gagne 1,1%.
Source : Investir
La nouvelle vague de financement à un coût ultra-avantageux offert par la Banque centrale européenne (BCE) aux banques de la zone euro a connu un succès inattendu. Les établissements bancaires ont emprunté 174,5 milliards d'euros au guichet de la BCE, par le biais d'une opération de financement ciblée à long terme (« Targeted long term refinancing operation » ou TLTRO). Certes, ce montant est sans commune mesure avec les 1.300 milliards de TLTRO offerts en juin dernier, un record. Mais il est bien supérieur aux prévisions des spécialistes qui tablaient sur une demande comprise entre 50 et 75 milliards d'euros.
Les réserves excédentaires des établissements bancaires sont déjà à un niveau record, du fait de l'injection massive de liquidités opérée par la banque centrale depuis le début de la crise du coronavirus. Les TLTRO sont néanmoins particulièrement alléchantes. Elles offrent aux banques un taux qui peut descendre à -1 %. Autrement dit, elles se font payer par la BCE pour emprunter de l'argent. Mais, il y a une condition : elles doivent maintenir leurs crédits à l'économie à leur niveau d'avant l'explosion de la pandémie.
Aubaine
Or, comme le constate Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, « après une forte envolée de mars à mai, les nouveaux prêts des banques au secteur privé se sont fortement réduits récemment en zone euro. » Le risque, pour les établissements qui sont venus au guichet de la BCE jeudi, est de bénéficier d'un taux moins favorable s'ils ne peuvent tenir leur engagement.
« Les banques de la zone euro sont peut-être optimistes sur un rebond de la demande de prêts qui va leur être adressée, et veulent se garantir un refinancement à bon compte », envisage Eric Dor. « C'est peut-être un signal positif, qui signifie que les petites banques sont plus confiantes dans leur capacité à remplir leurs objectifs de financements », estime pour sa part Frederik Ducrozet, stratégiste chez Pictet Wealth.
Il existe une autre explication possible. Sonnante et trébuchante, cette fois. Les banques sont « rémunérées » à 1 % sur les montants empruntés via les TLTRO. « Si elles en replacent une partie sur leur compte courant ou sur la facilité de dépôt, auprès de leur banque centrale nationale, elles ne paient qu'un taux négatif de -0,5 %, analyse Eric Dor. Elles réalisent donc un gain de 0,5 %. » Une aubaine. Les banques peuvent aussi choisir d'investir dans de la dette d'Etat , très sûre, et réaliser un gain plus important. Par exemple en achetant des obligations d'Etat françaises à 10 ans dont le taux est à -0,26 %.
C'est un résultat qui ferait rêver n'importe quelle entreprise. La Banque centrale européenne a annoncé une hausse de 50 % de son bénéfice en 2019. Il s'élève à 2,4 milliards d'euros, contre 1,8 milliard l'année précédente. C'est également une bonne nouvelle pour les banques centrales des pays de la zone euro, qui ont réparti entre elles l'intégralité ces profits.
Cette performance est principalement due à la hausse des intérêts perçue par la banque centrale. Les gains liés aux réserves de change se sont établis à un peu plus de 1 milliard d'euros, « en raison de la hausse des revenus d'intérêts sur le portefeuille en dollars », explique la Banque centrale européenne.
La BCE a également profité des revenus liés à son programme massif d'achats d'actifs destiné à lutter contre la déflation et à faire repartir la croissance en Europe (QE). Les intérêts versés par les titres acquis par la Banque centrale ont progressé de 316 millions d'euros par rapport à 2018, à 1,1 milliard d'euros, principalement grâce aux obligations d'Etats.
Les plus-values réalisées sur les opérations financières ont atteint 197 milliards d'euros. La baisse des taux américains au cours du second semestre 2019 a eu comme effet une augmentation de la valeur des titres libellés en dollar. Les redevances de surveillance prudentielle, perçues par la BCE auprès des banques pour couvrir les dépenses engagées pour sa mission, ont légèrement progressé pour s'établir à 537 millions d'euros.
Du côté des charges, les coûts liés au personnel sont passés de 515 à 566 millions d'euros, en raison notamment du renforcement des effectifs affectés à la supervision bancaire. A 590 millions d'euros, les autres charges d'exploitation affichent un léger recul.
Malgré la relance en novembre dernier du programme d'achat d'actifs, le bilan consolidé de l'Eurosystème a légèrement diminué en 2019 à 4.673 milliards d'euros contre 4.703 milliards d'euros l'année précédente. La BCE attribue notamment cette évolution au remboursement anticipé par les banques des TLTRO, des prêts ciblés de long terme. L'encours des obligations sécurisées détenues dans le cadre du programme d'achat d'actifs a également diminué lorsque les titres sont arrivés à échéance.
C'est un signal d'alarme à 13.500 milliards de dollars que tire l'OCDE. Soit le montant total du stock d'obligations émises par les entreprises dans le monde à fin 2019. Un record historique dû à la frénésie d'émissions obligataires enregistrées au cours des 12 dernières années. « Depuis 2008, le montant moyen des levées d'obligations d'entreprises s'élève à 1.800 milliards d'euros par an, constate l'Organisation de coopération et de développement économiques dans un rapport publié en milieu de semaine. C'est le double de celui enregistré entre 2000 et 2007. »
Cette dynamique s'explique en grande partie par les coûts extrêmement bas proposés aux emprunteurs par les marchés, grâce à l'action des banques centrales. Un effet qui s'est particulièrement fait sentir l'an dernier, lorsque la Réserve fédérale américaine - qui avait pourtant commencé à remonter ses taux - et la Banque centrale européenne ont accru leur soutien à l'économie . Les emprunteurs ont profité de cet argent parfois quasiment gratuit. « Les volumes d'émissions d'obligations d'entreprises ont bondi pour atteindre 2.100 milliards de dollars, égalant ainsi le record de l'année 2016 », souligne le rapport.
Ce qui inquiète surtout l'OCDE, c'est que cette augmentation rapide de la dette obligataire des entreprises s'est accompagnée d'une dégradation de la qualité de crédit des emprunteurs. Alors qu'entre 2000 et 2007 - avant la crise financière -, seules 39 % des obligations en circulation étaient notées dans la famille BBB, elles sont désormais majoritaires (51 %). Or cette notation est la plus basse de la catégorie d'« investissement », qui regroupe les titres jugés sûrs. En cas de retournement de l'économie, ces obligations pourraient facilement basculer dans la catégorie spéculative, celle des « obligations poubelles ».
Les intérêts étant actuellement très faibles, la charge de la dette payée par les entreprises est bien moindre que par le passé. Cette situation leur a permis d'augmenter leur endettement obligataire sans que cela pèse pour l'instant sur leur notation. Mais, avertit l'OCDE, « si les taux d'intérêt repartent à la hausse ou qu'une dégradation de l'économie vient réduire les rentrées d'argent des entreprises, elles subiront une pression à la baisse sur leur notation ». Avec des conséquences potentiellement lourdes pour les marchés.
Un mouvement de dégradation frappant une bonne partie du segment BBB - l'OCDE estime à 261 milliards de dollars sur un an la valeur des obligations pouvant basculer - pourrait entraîner un mouvement de vente massif. Certains investisseurs ne peuvent en effet détenir des titres n'appartenant pas à la catégorie investissement et devront céder les titres tombés en catégorie spéculative. D'autres, appliquant des stratégies de gestion passive, reproduisent fidèlement la composition des indices de crédit. Si des titres moins bien notés sortent des indices, ils sont tenus de les vendre.
Un risque qu'a également constaté l'Esma, le gendarme européen des marchés financiers. Dans une étude publiée mercredi, il a calculé que l'arrivée massive « d'anges déchus » - les anciennes obligations de la catégorie investissement - pourrait entraîner un bond de plus de 4 points de pourcentage des rendements des obligations spéculatives. Et toucher par ricochet la catégorie investissement. Un vrai problème lorsque les entreprises devront refinancer ces dettes. D'autant que, selon l'OCDE, un tiers des obligations en circulation à fin 2019 arrivera à échéance d'ici à 2022.
La trêve conclue avec Pékin, Donald Trump va-t-il être tenté de s'en prendre à l'Europe ? Malgré l'ouverture à Washington de son procès en destitution, le président américain se rendra cette semaine au Forum de Davos où il devrait évoquer avec la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, les tensions commerciales croissantes entre les Etats-Unis et l'Union européenne. Parmi l'éventail de questions qui divisent les deux alliés, le projet français de taxer les géants du numérique est au coeur des préoccupations de Washington, qui a menacé la France de représailles.
Au-delà, les Européens craignent de faire les frais de l'accord commercial conclu mercredi dernier entre les Etats-Unis et la Chine. Si l'accord limite les risques d'escalades qui pourraient ralentir l'économie mondiale cette année, certaines chancelleries s'inquiètent du fait que Pékin se soit engagé à acheter pour 200 milliards de dollars de produits américains en plus sur deux ans, craignant que les entreprises européennes soient les victimes collatérales de cet accord bilatéral.
« Nous n'avons pas analysé le document en détail, mais nous le ferons. Et s'il y a un problème de conformité à l'OMC, bien sûr, nous ferons valoir nos arguments », avait indiqué dès jeudi le nouveau commissaire européen Phil Hogan, effectuant sa première visite à Washington. Le lendemain, l'ambassadeur de l'Union Européenne en Chine, Nicolas Chapuis, enfonçait le clou : « les objectifs quantitatifs [de l'accord sino-américain, NDLR] ne sont pas compatibles avec l'OMC s'ils entraînent des distorsions commerciales. Si tel était le cas, nous irions devant l'OMC pour régler cette question », indiquait-il lors d'une conférence de presse à Pékin. Invité dès jeudi au ministère chinois des Affaires étrangères, Nicolas Chapuis a indiqué y avoir « reçu des assurances formelles que les entreprises européennes ne seraient en aucun cas affectées par l'accord ». Outre les achats de biens, l'Union européenne va surveiller de près que les ouvertures du marché financier promises par Pékin ne bénéficient pas uniquement aux acteurs américains.
« Washington dicte à la Chine ce qu'elle devrait acheter aux Etats-Unis. L'accord réécrit les règles de la mondialisation et créé une distorsion du marché à une échelle sans précédent », déplore Joerg Wuttke, président de la Chambre de commerce européenne en Chine. Ce dernier ne cache pas les défis qui attendent les entreprises non-américaines qui exportent ou sont présentes en Chine. « Nous nous demandons quelle est notre place », s'interroge-t-il.
Les Echos